Note avant propos: pour une raison indépendante de ma volonté, le fond de l'article est blanc et je
n'arrive pas à le modifier.
Enfin!!!!
Voilà des années que je rêve d'assister au festival Ganesh
Chaturthi mais forcément je n'étais jamais à Paris à ce moment là ... ou alors... pas en Inde ou pas au bon endroit! Et oui même si le temple parisien de Sri Manicka Vinayakar Alayam organise le festival depuis 1996, même en France j'ai trouvé le
moyen de le louper.
J'avais quand même eu un petit avant goût à Pushkar il y a quelques années mais la foule m'avait empêché de bien voir les immersions
(ici) !
Et bonheur!!!!! J'ai enfin pu y assister cette année, d'autant que Chennai est l'une des villes où
le festival de Ganesh est le plus fêté ! Mumbai étant la ville où les festivités et les processions sont les plus importantes.
Procession, Chennai
Vinayaka Chaturthi, comme on appelle le festival au Tamil Nadu, célèbre la
renaissance/naissance du Dieu Ganesh, fils de Shiva et Parvati. La naissance, la renaissance... l'anniversaire ? Non, pas exactement, de ce que j'ai compris pour ce genre de festival (comme celui
de Krishna par exemple), il s'agit de fêter effectivement et le jour de sa naissance et le jour de sa renaissance alors qu'il est toujours "vivant". Si quelqu'un peut m'expliquer cette
subtilité!
Quoi qu'il en soit, notre bon Ganesh fait l'honneur de faire acte de présence terrestre pendant toute la période du festival (renaissance sur Terre?).
J'ai donc loupé le coche pour parler avec lui de tous mes projets professionnels et personnels, dommage c'est tout de même le Dieu de la sagesse, de la prospérité et de la chance et puis il
aurait pu mettre de bon conseil!
Procession bis, Chennai
Bon quoi qu'il en soit, la déesse Parvati a choisi de créé Ganesh à partir de pâte de santal
qu'elle utilisait pour son bain et d'y façonner son fils, parce qu'elle s'ennuyait (je blasphème mais tout de même...). Ou plutôt parce qu'elle avait besoin d'un nouveau garde devant son hammam ?
On ne sait pas trop car on y était pas et d'ailleurs Shiva n'en savait pas beaucoup plus vu qu'à son retour d'on ne sait où il ne connaissait pas son propre fils et vice-versa, ce qui
résulta sur une incompréhension totale entre les deux. Et quant on est des Dieux, ça ne pardonne pas.
Shiva coupa donc la tête de Ganesh quand ce dernier lui refusa l'entrée de la salle de bain qu'il gardait. Même Indra participa à la bagarre... L'intervention du roi des
Dieux et seigneur de l'univers pour une histoire de salle de bain, on est pas du tout dans le drama là....
Forcément, cet évènement mis Parvati dans un état de rage incontrôlable et dans sa forme la plus
terrible - Adi Shakti, l'énergie primaire - elle vociféra qu'elle allait détruire l'univers pour en recréer un meilleur, on a quand même tué son fils, faut pas rigoler avec la vie de son
fils! Du coup Shiva, qui se rend compte qu'il est peut-être allé trop loin et qu'il aurait peut-être dû attendre que Parvati sorte de sa douche, part à la recherche d'une nouvelle tête pour son
fils. Bien entendu, il tombe sur une éléphante en plein deuil qui pleure son fils et lui propose de coller la tête de celui-ci sur le corps de son enfant décapité. Elle accepte et Ganesh
renaît avec sa nouvelle tête d'éléphant !
Lord Ganesha
Le festival d'anniversaire a commencé le 19 septembre cette année. Il se tient pendant le mois de
Bhaadrapada, 6e mois du calendrier solaire tamoul et du calendrier shaka - le calendrier national indien. En équivalence grégorienne, de la période qui s'étend environ du 23
août au 22 septembre (et là on se demande comment j'arrive à assister seulement une fois à ce festival en 10 ans!).
Quelques mois avant les festivités, des artisans réalisent des modèles de Ganesh en argile de
différentes tailles, de très petits à très très grands ! Ce qui peut poser certains petits soucis au niveau du passage sous les arbres.
Le premier jour du festival, ces statues richement décorées et aux multiples couleurs sont
installées dans les maisons et dans les pandals décorés spécialement pour l'occasion (temples temporaires), un peu comme pour Diwali en fait. Enfin, ici on est plutôt sur de la
décoration avec guirlandes de fleurs et lumières plutôt qu'avec des petites cuillères (Diwali 2010, c'est ici et là !).
Ganesh Chaturthi s'étend sur 10 jours, parfois un peu plus, parfois un peu moins, ça dépend de la
région. Durant cette période vont s'enchaîner prières, chants de mantras, offrandes d'herbes, de fleurs et de gâteaux (il ne faut pas oublier que Ganesh est un grand gourmand). Il a surtout le
droit à des modak, un genre de ravioli à base de farine de riz et de blé garni de sucre, de noix de coco râpée, de fruits secs et qui est frit ou cuit à la vapeur. Je n'ai pas eu
l'occasion d'en voir (ni d'en goûter) mais cette année il en a reçu un de plus de 20 kilos (23 si je ne dis pas une bêtise!)

Pendant 10 jours s'étendant du jour Bhadrapada Shudha Chaturthi au jour d'Ananta
Chaturdashi, Ganesh est adoré. Normalement, le 11e jour, les statues sont portées jusqu'à une rivière ou mieux l'océan lors de grandes processions. Pour Chennai, c'est le 5e jour, je ne
sais pas pourquoi.
Ces immersions symbolisent le début du voyage qui ramènera notre dieu éléphant chez lui au sommet
du Kailâsa au Tibet. Pour la petite histoire, c'est ici que prend la source de l'Indus et c'est aussi la maison de Shiva et Parvati, d'ailleurs Parvati veut dire "fille de la montagne". Et
Ganesh, qui est tout de même une bonne pâte et sympa comme tout emmènera avec lui tous les malheurs de ses dévots. Donc là, je trouve ça totalement injuste. Je suis une grande fan de Ganesh,
d'ailleurs je collectionne même plein de statues. Et moi il a pas amené mes malheurs avec lui. Et pourtant je suis même allée faire des trucs de bénédictions dans son temple. Tout cela est
totalement injuste.
Bon revenons en à nos moutons, je vais arrêter de dire des bêtises, j'ai bien peur de me faire
punir à force et de finir écrasée par un éléphant. Le rituel de Vijanaya Nimajjanam (en telougou mais je suppose que ça doit être proche en tamoul), c'est à dire d'immersion, a également
lieu dans les puits des maisons familiales pendant le festival le 1er, 3e et 11e jour, et à défaut de puits dans une bassine à la maison! Et de manière plus moderne, l'immersion se fait à coup de
grues!

A Chennai, les processions sont très encadrées, certaines plages seulement sont autorisées pour
l'immersion, les parcours balisés. C'est le truc tendance cette année ici, on encadre tous les festivals pour éviter les débordements de foule, bon en même temps vu le monde on peut
comprendre.
Autre chose de très réglementé, et c'est plutôt une très bonne chose, est les matériaux autorisés
pour les statues immergées en mer. En effet, l'utilisation du plâtre a un réel impact environnemental tout comme les colorants chimiques utilisés bien trop souvent et qui pour la plupart
contiennent des métaux lourds de type mercure ou cadmium. A tout ça on peut ajouter les restes de décorations guirlandes diverses et variées qui vont venir joncher les plages...
Alors que traditionnellement la boue trouvée dans le voisinage était utilisée pour
la confection des idoles, la commercialisation de celles-ci couplée à l'urbanisation grandissante entraîne de plus en plus un remplacement de cette matière naturelle par du plâtre de Paris qui
n'est pas biodégradable et bien entendu insoluble dans l'eau. Outre le dégât environnemental, ça pose peut-être
un peu un soucis de symbolique car l'utilisation de la boue représente tout de même le cycle de la création et de la dissolution dans la nature...
Et là je sens le sourire pointer sur la figure de ceux qui n'arrêtent pas de me répéter que l'Inde
est un pays dégueulasse et que les indiens sont de gros crades, des pollueurs qui n'en ont rien à faire de leur pays et qui d'ailleurs ne prennent aucune mesure sérieuse et... qui s'apprêtent à
penser: "AH! j'ai raison même dans leur festivals religieux ils n'en loupent pas une". Je m'emballe mais un Indien pollue tout de même près de 12 fois moins qu'un Français mais cette année
j'entends tellement régulièrement ce commentaire des voyageurs de passage que ça a le don de m'énerver au plus au point, vu le niveau de consommation des Français et bref, j'arrête là.
Donc, le festival a certes un impact écologique négatif mais plusieurs initiatives
ont été prises au niveau gouvernemental, dont l'interdiction d'immerger des idoles en plâtre, une grande sensibilisation à l'utilisation du papier mâché ou encore à un retour à l'utilisation
traditionnelle de l'argile. Ce qui est certes discutable dans le cas du papier mâché si on prend en compte la
pollution possible par l'encre mais qui est tout de même beaucoup plus vert comme solution, le papier se dissout très rapidement et évite également une pollution visuelle sur les
plages. Ainsi, à Chennai, cette année, les Ganesh étaient soit en argile, soit en papier mâché et avec des
structures en paille.
Structure en paille échouée sur la plage
Quelques autres clichés de la journée
d'immersion...
Je voulais faire moins "pâté" et les mettre dans le texte mais déjà que celles de l'article ne
collent pas toujours à ce que je raconte la suite des photos maintenant !
Ganesh échoué sur la plage - 1
Ganesh échoué sur la plage - 2
Ganesh échoué sur la plage - 3
Forcément....
...quoi qu'avec le vernis c'est pas mal !
Même les chiens assistent aux festivités
"O toi Lord Ganesh, reviens nous l'année prochaine ! "