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Ici est ailleurs mais ailleurs est ici...

Vers une guerre durable à Sri Lanka ?

Publié le 16 Janvier 2008 par Blanche dans Divers

http://lecourant.info/spip.php?article608

16 janvier 2008

 

Vers une guerre durable à Sri Lanka ?

 

La situation à Sri Lanka s’est nettement dégradée depuis que le gouvernement a pris la décision le 2 janvier dernier de se retirer de l’accord de cessez-le-feu, déjà nettement bafoué depuis deux ans. Depuis 1983, année qui marque l’entrée dans la lutte armée des LTTE (Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul) pour obtenir un état indépendant plus de 70 000 personnes ont été tuées. La décision du gouvernement laisse voir se profiler une année 2008 sanglante sur le territoire.

 

 

En 2002, le gouvernement de la présidente Mme Kumaratunga avait conclu sous l’égide de la Norvège un accord de cessez-le-feu avec le groupuscule des LTTE ; accords qui depuis l’arrivée au pouvoir du président Mahinda Rajapakse ont pris de plus en plus l’allure d’une plaisanterie. Les combats ont fortement repris après l’élection, fin 2005, de Mr Rajapakse nationaliste partisan d’une méthode forte contre les LTTE. Bien que le cessez-le-feu est largement volé en éclat au cour des dernières années, que les droits de l’Homme est été à maintes reprises bafoués et qu’ils n’aient lieu d’être uniquement sur le papier, aucune des parties au conflit n’avaient pris la responsabilité de dénoncer l’accord de 2002. C’est chose faite depuis le mercredi 2 janvier, date à laquelle le premier ministre Ratnasiri Wickremanayake a annoncé que le gouvernement se retirait du cessez-le-feu.

Quelques jours après l’annonce de cette décision, la violence est encore montée d’un cran avec les décès d’un chef militaire du côté des Tigres et d’un ministre du côté du gouvernement. Le 5 janvier, suite aux violents combats qui ont fait rage dans le district de Mannar, au nord ouest de l’île, Shanmunganathan Ravishankar, chef militaire responsable des renseignements au sol des LTTE, est décédé suite à l’explosion d’une bombe au passage de sa voiture. L’annonce du décès de celui que l’on surnommé le Colonel Charles a été faite par le site Internet Tamilnet. Bien que le site affirme que l’attentat visait directement le commandant tamoul, le responsable du ministère de la Défense nie le fait que le gouvernement est cherché délibérément la mort du Colonel. Trois jours plus tard, le gouvernement déplore le décès d’un ministre suite à un attentat attribué aux LTTE. D.M. Dassanayake, ministre de la construction nationale, a succombé le mardi 8 janvier aux blessures dues à l’explosion d’une bombe à fragmentation, nouvelle marque de fabrique des LTTE, au passage de sa voiture à une vingtaine de kilomètres du nord de Colombo. Depuis cet incident les mesures de sécurité ont été renforcées dans l’île. Une vaste opération de recherches et de contrôles a été lancé dans Colombo et dans les environ de l’aéroport international. En près d’une semaine 75 000 personnes ont été interrogés et 198 arrêtés.

Le 3 janvier le gouvernement a communiqué à la Norvège un préavis de deux semaines pour mettre formellement fin à la trêve avec les LTTE, trêve qui a pris officiellement fin aujourd’hui 16 janvier. Le contrôle effectué par les observateurs de la paix norvégiens et islandais prend également fin aujourd’hui, les 20 norvégiens et les 10 islandais présents et chargés de superviser le plan de paix étant sommés de quitter le territoire. La Norvège ne devrait pas perdre sa fonction officielle dans la résolution du conflit bien que le ministre des Affaires Etrangères de Sri Lanka affirme qu’il faudra dans l’avenir redéfinir son rôle. Il faut noter que la Norvège et l’Islande n’ont pas inscrit les LTTE dans leur liste des organisations terroristes contrairement à la France qui rappelle son opposition totale au recours à la violence et appelle à faire preuve de retenue et à renouer le dialogue politique.

Jeudi 10 janvier les Tigres ont annoncés qu’ils étaient prêt à « sauver » le cessez-le-feu de 2002 et étaient disposés à une trêve mais également à une guerre totale si le gouvernement le souhaitait. Le lendemain les autorités gouvernementales ont fait savoir qu’ils opposaient une fin de non-recevoir à cette requête. Chandrapala Liyanage, porte-parole de la présidence, a fait savoir à l’Agence France Presse que le gouvernement maintiendrait ses opérations militaires contre les Tigres et dévoilerait d’ici le 4 février « un projet de règlement politique du conflit ethnique ».

Dans la matinée, l’armée de l’air avait annoncé avoir « atteint avec succès » des positions de la branche maritime des séparatistes à Alampil, dans le district de Millaithivu au nord du pays.


 

La tournure que prend le conflit aujourd’hui laisse présager une catastrophe sur le plan politique, humain et économique.

Au même moment où l’Union Européenne se dit très inquiétée des multiples violations des droits de l’Homme depuis l’annonce faite par le gouvernement, le haut conseiller du président Sri Lankais, Mr Jayantha Dhanapala, en charge du processus de paix a présenté sa démission. Il a fait connaître sa décision trois jours après l’annonce du retrait du gouvernement du processus de paix. Dhanapala, ex-candidat au poste de secrétaire général de l’ONU, avait été nommé à ce poste le 1erdécembre 2005.

L’économie Sri Lankaise déjà mis à mal par la baisse touristique de 11% en 2007 suite au regain des violences risque de se retrouver dans une position plus que périlleuse. Les investisseurs étrangers se retirant peu à peu du territoire, l’aide internationale bloquée, la population s’appauvrissant suite à une très forte diminution du pouvoir d’achat… Ajouté à la crise internationale du pétrole, le Sri Lanka ne pourra que difficilement sortir indemne d’une reprise très violente du conflit.

La liberté de presse est également mise en danger. Jusqu’à présent seul les professionnels sri lankais étaient touchés par les vagues d’arrestations, les assassinats et les interdictions diverses de publications et de diffusion. Depuis la fin de l’année 2007 et l’arrestation de deux journalistes français pour avoir filmé un point de contrôle militaire, la presse internationale voit naître le risque de ne plus pouvoir travailler librement sur le territoire.

Le bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) pense que la situation actuelle va largement entraver la livraison d’aide et compromettre fortement la sécurité des travailleurs humanitaires. Le milieu humanitaire est déjà fortement marqué par l’assassinat de membres de membres d’Action Contre la Faim en 2006 et de la Croix Rouge en 2007. Une très forte inquiétude également au sujet du recrutement des enfants soldats par les LTTE si le conflit s’intensifie a été exprimée par Zola Dowell, directeur du bureau sri lankais de l’OCHA. L’UNICEF continue d’accuser les séparatistes d’utiliser des enfants comme combattants bien qu’ils aient donné l’assurance de relâcher tous les soldats mineurs. Le nombre de jeunes combattant dans les rangs des LTTE est estimé à 1 448 dont 290 enfants de moins de 18 ans. 

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